Découvrir l'exposition

Présentation
Cette piste de visite propose aux relais le cadre intellectuel et pratique d’une visite de la Petite Galerie. Pour chaque œuvre ou groupe d’œuvres, il dispose de démarches, de pistes de questionnement ou d’activités à mettre en œuvre avec son public (le plus souvent un groupe mais possiblement un seul visiteur).
Parti pris
Rester disponible aux questionnements et à toute expression des visiteurs ; être très concret, éviter tout implicite ; partir du détail pour aller vers le général ; rester centré sur le parcours et le discours prévus, sans noyer les visiteurs sous trop d’informations. Pour faciliter votre entrée, privilégier les venues en matinée, en semaine plutôt que les week‐ends et hors des vacances scolaires (moins de fréquentation). Les questions sont formulées telles qu’elles peuvent être posées aux participants de la visite. Les phrases entre crochets sont des éléments de réponse, dont le relais peut s’inspirer pour ses échanges avec les participants.
Objectifs
Cette piste a pour objectif d’accompagner des personnes peu familières des musées pour une visite de la Petite Galerie du Louvre, en explicitant toutes les étapes de la visite. Elle peut être utilisée par un responsable de groupe accompagné de plusieurs visiteurs comme par un proche ou un parent souhaitant accompagner une seule personne. Il s’agit d’accompagner le ou les visiteurs afin qu’il(s) puisse(nt) : découvrir un espace adapté du musée, acquérir ou développer des repères historiques, mettre du sens sur des mots employés dans cette exposition, nommer ce qui est ressenti (enrichir, développer le vocabulaire), exprimer un avis, une opinion, un choix.
Mots clefs
Voyage, matériaux, pays, échanges.
Avant la visite
Il peut être intéressant de préparer la visite en amont en demandant aux participants s’ils sont déjà venus au Louvre, en leur montrant éventuellement des photos du musée, en leur expliquant le trajet qui va être fait pour s’y rendre.
Matériel
Pour cette piste vous aurez éventuellement besoin d'un pliant à prendre à l'accueil des groupes pour l'activité d'imagination. Il peut être intéressant d’ajouter une dimension sensorielle : un morceau de pierre et un morceau de bois, à toucher dans la 1ère étape, un morceau de porcelaine ou de céramique fine, à faire toucher dans la 4e étape, et des plumes, à faire toucher dans la 5e étape. Les objets peuvent être faits touchés à l’aveugle, en les mettant dans un sac par exemple, pour faire deviner ce que c’est aux participants et leur permettre de se concentrer sur la texture et la forme. Parmi les objets exposés dans les salles, seule la défense d’éléphant peut être touchée.
Parcours

Entrée de l'exposition

Entrée

Montrer au groupe l’affiche et le titre de l’exposition : « Venus d’ailleurs : matériaux et objets voyageurs ». Puis interroger les participants :

    • Que voyez-vous sur l’affiche ? Qu’est-ce que fait l’homme au premier plan ?
Il porte sur son dos une caisse, qui est ouverte. A l’intérieur, on voit des objets dessinés, et des mots comme « marchandises », « café », « Inde ». 

    • Quelle est sa position ? Dans quelle direction va-t-il ?

    • Qui est cet homme ?
C’est un marchand, qui se déplace pour vendre les objets qu’il porte dans son dos. C’est donc aussi quelqu’un qui voyage de ville en ville, peut-être de pays en pays.

    • Est-ce que vous aimez voyager ? Est-ce que j’ai déjà visité d’autres pays ? 

    • Que voyez-vous derrière l’homme qui voyage ?
Des hommes se trouvent dans des barques, sur l’eau. Certains rament, d’autres ont l’air de se reposer. Plus on regarde vers l’horizon, plus les bateaux sont petits. On dirait qu’ils sont en train de partir loin de nous.

    • Qu’est-ce qu’ils vont faire ? Se promener ? Pêcher ? Explorer ?

    •  Est-ce que ce titre et cette affiche vous donnent envie de rentrer dans l’exposition ? 

Gudéa, prince de Lagash
Trello (Irak), vers 2120 - 2110 av. J.-C.
Diorite

AO 13 

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux

Des matériaux venus de loin 

Salle 1 

Dans la première salle, à droite, emmener le groupe vers la tête sculptée de Goudéa. Essayer de décrire ensemble ce que l’on voit : 

    • Comment sont les yeux ? Comment est la bouche, le nez ? Qu’est-ce qu’il y a sur le dessus de la tête ?
Cette tête représente un prince qui s’appelait Gudea, et qui a vécu il y a très longtemps (il y a environ 4000 ans). La tête n’était qu’une partie de la statue : si l’on regarde le cou, on peut voir qu’il est cassé. Cela veut dire qu’il manque le corps.  

Activité d’imagination : tour à tour, les participants se placent à côté de la sculpture et se tournent vers le reste du groupe. En s’asseyant sur un pliant ou en restant debout, le participant imagine la position du corps de la statue et la mime. Est-ce qu’elle avait les bras levés, le long du corps, ou croisés sur la poitrine ? Comment étaient les jambes ? Droites, pliées ? Peut-être que la statue avait des objets dans les mains. Si nous étions des princes comme Gudea, quels objets aurions-nous dans les mains ?


Emmener maintenant le groupe dans l’autre partie de la salle pour voir une autre sculpture, celle du dieu Bès.

 

Pied de meuble : le dieu Bès
Egypte, 25e dynastie, (780- 656 av J.-C.)
Ebène (Dalbergia melanoxylon)

E 10379

© Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / Christian Décamps


    

    • Est-ce que vous trouvez cette tête amusante ? Pourquoi ?
    • Regardez les oreilles, les sourcils, les plis de la peau autour du nez, la langue : est-ce que vous arrivez à imiter son expression ?
Ici, ce n’est pas un prince : c’est le dieu égyptien Bès, qui aimait danser, faire la fête et jouer de la musique d’après les récits. 


Activité sensorielle : faire toucher aux participants, à l’aveugle, dans un sac, un morceau de bois et un morceau de pierre. Laquelle des deux têtes que nous venons de voir est faite en bois ? Laquelle est en pierre ? Comment peut-on le savoir ?

La tête de Gudea est en pierre : elle est lisse et froide. Cette pierre noire s’appelle la diorite. Gudea, dont le royaume se trouvait en Mésopotamie, l’a faite venir de très loin, de plusieurs centaines de kilomètres plus au sud. Il voulait ainsi montrer qu’il était capable de faire venir des matériaux luxueux jusqu’à lui. La tête de Bès est en bois : elle est moins lisse que la pierre, et moins froide. Ce n’est pas n’importe quel bois : il s’agit d’ébène, un bois très sombre. Ce bois a aussi voyagé car il ne vient pas directement d’Égypte, là où la tête a été sculptée, mais de plus au sud, peut-être d’Éthiopie.
 

Eléphant (l'éléphant Suleyman)
Augsbourg (Allemagne), vers 1590
Bronze

MR 3405

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Stéphane Maréchalle

Des animaux exotiques

Salle 2

Emmener à présent le groupe dans la salle suivante, et s’arrêter devant le premier objet sur la droite.

    • Que voyez-vous ? Est-ce qu’un éléphant fait cette taille-là dans la réalité ? Et est-ce qu’il est de cette couleur-là ?

    • Observez bien la tête de l’éléphant. Comment s’appelle son très grand nez ? A quoi cela lui sert-il ?
Sa trompe sert à l’éléphant à respirer, mais aussi à boire, à toucher des objets, ou encore à s’asperger d’eau. 

    • L’éléphant que l’on a devant les yeux n’est pas vivant, c’est une sculpture. Pourtant, elle crachait aussi de l’eau par sa trompe ! Comment cela est-il possible ?
Cette sculpture faisait partie d’une fontaine. Un petit tuyau, qui est placé dans la trompe, crachait de l’eau. La fontaine se trouvait dans un parc, dans un château en Allemagne. Elle a été sculptée il y a environ 400 ans. Pourquoi faire une fontaine en forme d’éléphant ? A cette époque, très peu de personnes en Europe savaient ce qu’était un éléphant, car ces animaux ne vivent qu’en Asie et en Afrique et on ne voyageait pas facilement aussi loin. Mais quelques éléphants ont fait le voyage jusqu’en Europe ! C’est le cas de Suleyman, un éléphant qui est venu du Sri Lanka jusqu’au Portugal en bateau, puis qui a traversé l’Europe à pied pour aller en Autriche. En tout, son voyage a duré 10 ans. On peut voir son trajet sur la carte au niveau du cartel de l’œuvre.

    • Regardez à nouveau la sculpture. Comment s’appellent les deux parties qui ressemblent à des grandes dents autour de sa bouche ?

Les participants peuvent toucher une vraie défense dans la pièce.

    • Comment est la défense au toucher ? Froide, chaude ? Lisse, rugueuse ? 

Bouteille
Pékin (Chine), atelier impérial de la Cité interdite, règne de l’empereur Qianlong (1736-1795)
Porcelaine à décor d’émaux falangcai

TH 457

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Des techniques voyageuses

Salle 4

Traverser maintenant la salle où se trouvent des cartes du monde. Faire éventuellement arrêter le groupe pour regarder les différents continents et les routes de voyage. Continuer ensuite dans la dernière salle, et se diriger vers la bouteille blanche au milieu de la pièce.

    • Quel est cet objet ? Qu’est-ce qu’il pouvait contenir ?
Il s’agit d’une bouteille. Peut-être qu’elle contenait une boisson. Il est possible aussi qu’elle n’ait jamais servi et qu’elle ait été fabriquée comme objet de décoration. Pour parler d’une bouteille, ou d’un vase, on utilise les mêmes mots que pour le corps humain : on parle du col de la bouteille pour la partie resserrée en haut, de la panse (c’est-à-dire du ventre) pour la partie ronde, et du pied pour la base de l’objet. 


    • Comment est décorée cette bouteille ? Qu’est-ce que l’on voit comme motifs ?
Le col est décoré d’une frise rose avec des dessins bleus et verts qui font penser à des fleurs, ou à des feuilles. Sur la panse (le ventre) du vase, on voit deux oiseaux sur des branches, au milieu de fleurs. On peut aussi voir des écritures. 


    • Est-ce que vous reconnaissez cette écriture ? Dans quel pays l’utilise-t-on ?
Il s’agit de caractères chinois. Cela permet de deviner d’où vient cet objet : de Chine. Il a même appartenu à un empereur de Chine, qui s’appelait Qianlong.


    • En quoi est fait cet objet ? Est-ce qu’il s’agit de pierre, ou de bois ? 

 

Activité sensorielle : faire toucher aux participants un morceau de porcelaine (ou de céramique fine). C’est une matière lisse, et froide.


[La porcelaine est faite avec un mélange qui contient de l’argile très blanche. C’est ce qui donne sa couleur très claire, presque transparente. Les Chinois ont longtemps été les experts de cette technique. La partie blanche de la bouteille est donc issue du savoir-faire chinois. Mais les motifs colorés de rose sont eux obtenus grâce à une technique européenne, l’émail (cela ressemble à du verre). Cet objet est donc le résultat d’un transfert de techniques entre deux régions du monde].
 

Triptyque
Le Christ en Croix entre saint François d’Assise et saint Jérôme, la Vierge et saint Jean

Mexique, 1530-1570
Plumes, feuilles d’or, rehauts peints, bois, cuir

Écouen, musée national de la Renaissance, E.Cl.10852

© RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d'Ecouen) / René-Gabriel Ojeda

Des motifs voyageurs

Salle 4

Emmener à présent le groupe au fond de la salle, face au tableau en plumes.

    • Combien ce tableau a-t-il de parties ? A votre avis, à quoi servent les deux volets sur les côtés ?
Ce tableau en trois parties (on parle de triptyque) pouvait être refermé. On voit en général ce type de tableau dans les églises.


    • Est-ce que vous connaissez le sujet qui est représenté ? Est-ce que vous reconnaissez certains personnages ?
Il s’agit d’une Crucifixion : au centre, Jésus (le Christ) est sur la Croix. A ses pieds, deux saints (saint Jérôme à droite et saint Françoise d’Assise à gauche) le regardent. Sur les côtés se trouvent Marie, la mère de Jésus, et saint Jean, l’un de ses disciples.


    • Regardez en haut du tableau, de chaque côté de la croix. Est-ce que vous voyez les deux motifs dorés. Qu’est-ce qu’ils représentent ?
Il s’agit du soleil et de la lune.


    • Observez le tableau de plus près. En quoi est-il fait ? Est-ce qu’il est réalisé avec de la peinture ?
Le tableau est fait avec de nombreuses petites plumes colorées, collées les unes à côté des autres.

 

Activité sensorielle : Faire toucher aux participants une ou plusieurs plumes amenées dans un sac. Leur demander de décrire leurs sensations : est-ce que c’est doux ? Est-ce que ça pique ?

    • Est-ce que vous avez déjà vu un tableau fait avec des plumes ? A votre avis, est-ce que c’est plus facile ou plus difficile à faire qu’avec de la peinture ?
Les tableaux en plumes sont rares. Celui-ci a été fait au Mexique, il y a environ 500 ans. Il est le résultat de la rencontre entre les Européens et les Amérindiens : lorsque les Européens arrivèrent en bateau sur le continent américain, ils ont découvert que les Amérindiens savaient utiliser des plumes d’oiseau pour fabriquer plein d’objets : des vêtements ou des boucliers par exemple. Les Européens ont alors demandé aux Amérindiens d’utiliser les plumes autrement, pour fabriquer des tableaux ressemblant à ceux qui étaient faits en Europe. C’est pour cela qu’ici le sujet est européen, mais la technique, amérindienne.

Après la visite

La restitution est importante pour donner de la compréhension, du sens à cette visite à travers de l’expression orale, écrite, plastique… Toutes les formules sont possibles.

- Nommer, se rappeler ce qui a été vu.
- Choisir l’objet, le lieu préféré ou le moins aimé de chaque visiteur ; demander pourquoi.
- Faire énoncer si l’expérience de la visite a été facile / difficile, par chaque visiteur ; faire apprécier à chacun son comportement durant la visite.
- Organiser une activité plastique : partant de l’exemple du tableau en plumes, proposer de réaliser une œuvre graphique à partir des matériaux naturels, par exemple des coquillages ou des végétaux. Le motif à réaliser peut être libre ou imposé (par exemple, pour rappeler ce qui a été vu dans l’exposition, un motif animal). 
- En fonction des possibilités du groupe, montrer un planisphère et repérer ensemble la France, l’Europe et les différents continents. Éventuellement, imprimer les images de quelques œuvres vues dans l’exposition et les replacer sur la carte. 
- Regarder des images des œuvres vues dans l’exposition qui représentent des animaux et faire écouter les cris des animaux correspondants : l’éléphant, les oiseaux, la girafe…

 

Textes : © Musée du Louvre / Cécile Cunin