Les œuvres de l'exposition

Amphore à col attique à figures noires : Gorgone en course agenouillée

Athènes, Grèce Terre cuite Musée du Louvre
Vers 520-510 avant J.-C.
H : 42,6 cm x D : 28,6 cm


La Gorgone emprunte l’attitude traditionnelle de la « course agenouillée ». La tête et le buste sont représentés de face tandis que le bassin et les jambes sont de profil. Les jambes sont repliées au niveau des genoux, les bras pliés à angle droit, une main levée, l’autre baissée formant une svastika ou croix gammée. Les double-ailes déployées comme les volutes ornant les chaussures suggèrent la rapidité du vol en juxtaposant des mouvements consécutifs. Cette manière artificielle mais suggestive de figurer le mouvement est appelée « course agenouillée ». C’est une convention de l’art grec archaïque du 6e siècle avant J.-C. pour représenter la Gorgone en fuite, Nikè (en grec, la Victoire) ou l’athlète armé en course.

 

Prêtresse d’Athéna ayant rompu son vœu de chasteté, la Gorgone-Méduse fut transformée en monstre à la chevelure formée de serpents. Son pouvoir terrifiant consistait à pétrifier ses ennemis d’un regard. Elle fut décapitée par le héros Persée qui offrit sa tête à Athéna avant d’aborder ce Gorgoneion sur sa poitrine.

Motif apotropaïque qui chasse les forces du mal, la Gorgone a souvent orné le décor sculpté des temples grecs à l’époque archaïque : au fronton du temple d’Artémis à Corfou vers 580 avant J.-.C., sur l’une des métopes d’un temple de Sélinonte en Sicile, vers 560 avant J.-C. ou pour l’acrotère faîtier récemment à découvert à Paros datant de 530 avant J.-C.

Le motif est ici utilisé comme décor sur une amphore à col attique. La couleur orangée de l’argile est caractéristique des ateliers athéniens ; l’importance des incisions et des rehauts de couleur (blanche pour les chairs féminines, rouge pour les décors secondaires) sont  l’expression d’un certain maniérisme des ateliers athéniens qui, à la fin du 6e siècle, continuent à produire des décors à figures noires alors que la technique à figures rouges est déjà très en vogue.

La composition du décor souligne la forme du vase : le col est décoré de palmettes incisées, l’épaule est délimitée par un décor de languettes, la panse présente sur ces deux faces (face A et face B) le motif de la Gorgone en course agenouillée volant au-dessus d’un serpent entre deux motifs de grandes palmettes sous les anses ; le pied du vase est délimité par une frise d’animaux affrontés et d’une couronne irradiée empruntée à la tradition corinthienne. Cette forme d’amphore dite à col a permis de développer des figures isolées sans motif de remplissage au profit d’une narration plus synthétique.

 

 

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski