Les œuvres de l'exposition

Autoportrait

Jacopo Tintoret (Venise, Italie, 1519- Venise, 1594) Huile sur toile INV 572
Vers 1588
0,93 x 0,95 m


Autoportrait

 

Tintoret se représente à mi-corps, de face sur un fond sombre d’où il semble émerger. Âgé de soixante-dix ans, il ne craint pas de montrer les stigmates du temps sur son visage. Au-delà des marques de la vieillesse, l’artiste s’impose avec force par sa stricte frontalité, seuls les poils de sa barbe et de sa moustache sont animés d’un mouvement, et par l’intensité de son regard. Tintoret réalise son autoportrait probablement à la demande du marchand et orfèvre allemand Hans. Jacob König. Le tableau complète la galerie de portraits d’Hommes illustres créée par le collectionneur dans sa demeure vénitienne selon la mode de l’époque. La galerie présente, parmi une soixantaine d’effigies, des artistes essentiellement vénitiens. Elle témoigne de leur reconnaissance sociale et intellectuelle au 16ème siècle. Alors que les galeries d’hommes remarquables étaient réservées aux portraits de princes, d’hommes de guerre, d’Eglise ou aux philosophes, les artistes sont à leur tour dignes de figurer sur les murs des riches demeures. 
 
 
(…) La bouche invisible sous la moustache, le peu des joues qu’on voit creusé, le nez fort et surtout les yeux qui sont deux grands trous dans leur cerne noire, les paupières inférieures tombantes indiquant une maladie, quelque chose de certains chiens épagneuls qui sont ainsi, des paupières qu’ils ont rouges et comme décollées. Cette seule particularité donne au visage une grande tristesse douce et comme implorante (le regard implorant des épagneuls). Pourtant comme un reste de vigueur, de la résolution encore; mais encore la vigueur du portrait même.
 
C.F Ramuz, Notes du Louvre, 1902-1903, Cassonay, Isabelle Cardis Isely, Plaisir de Lire, 1999.    

 

 

 

 

 

©  RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizz