Les œuvres de l'exposition

Couros

Grèce Bronze Musée du Louvre
Vers 575- 570 avant J.-C.
H : 17 cm


Inspirée par la statuaire égyptienne, ce bronze grec figure un jeune athlète de face, nu, la jambe gauche légèrement avancée. Les bras légèrement fléchis, se détachent toutefois du buste et donnent de la souplesse à la silhouette.

 

Le motif du jeune homme nu de face apparait dans la statuaire grecque à partir du 7e siècle avant J.-C. La tradition rapporte que les premiers sculpteurs s’étaient inspirés de l’art des statues colossales vues en Égypte. Ce serait le cas des sculpteurs et architectes samiens Rhoikos et Théodoros qui auraient emprunté à l’Egypte les règles de proportion et inventé l’art de la fonte en plusieurs parties.

Les artistes grecs cependant dépassent le canon égyptien. S’ils empruntent à l’Égypte le code de la marche apparente, la jambe gauche portée en avant, les pieds à plat, les bras le long du corps, les artistes grecs adaptent le motif aux nus sans doute liés à l’idéal aristocratique de la pratique du sport. Ce schéma du nu masculin, que les spécialistes modernes ont pris l’habitude de désigner sous l’appellation de couros (pluriel couroi) se diffuse dans tout le monde grec au 6e siècle.

Selon une géographie artistique propre à la Grèce de ce temps, on distingue pour ce même type statuaire des variantes propres à chacune des cités grecques. La statuette de Louvre, de provenance inconnue,  est ainsi très proche de deux statues colossales découvertes à Delphes et sculptées dans le marbre de Naxos : la tête est massive, les bras puissants sont légèrement repliés en arrière, les cuisses larges et musclées semblent directement fixées sur un buste étroit sans bassin. Les deux statues de Delphes doivent appartenir aux premières offrandes faites à Delphes après la 1ère guerre dite sacrée vers 580 avant J.-C. et sont signées par un sculpteur originaire d’Argos dont seule la fin du nom nous est parvenue : « medès ». On attribuera à la cité d’Argos, au nord-est du Péloponnèse,  ce style robuste. On soulignera également que, en l’absence de carrières de marbre, les artistes de cette cité développèrent une tradition de l’art du bronze notamment célèbre au 5e siècle avec Polyclète. La statuette du Louvre est ainsi l’un des jalons important de l’art des bronziers d’Argos incontournable pour la définition du style de cette cité.

 

 

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle