Les œuvres de l'exposition
Feuillet en cinq parties dit « ivoire Barberini » : empereur triomphant
Ce feuillet montre dans sa partie centrale un empereur triomphant monté sur un cheval qui se cabre. Couronné, il est revêtu de l’armure romaine et tient dans sa main droite une lance fichée fermement dans le sol tandis que des Victoires ailées lui tendent de part et d’autre des couronnes (dont une a disparu). Dans la partie inférieure, les peuples vaincus défilent avec leurs tributs. La scène se déroule en présence du Christ qui bénit d’un geste de la main le triomphe de l’empereur chrétien. Sous la protection de Dieu, l’empereur guerroie et étend le christianisme, comme l’indique la croix surmontant le globe sous la Victoire ailée du panneau central.
Cette œuvre exprime la puissance du pouvoir impérial en opposant aux motifs de la soumission à la force guerrière les bienfaits que la paix du prince apporte aux peuples. C’est ainsi que la lance de l’empereur contient un barbare scythe ou perse tandis qu’une femme, assise sous le ventre du cheval, touche le pied du prince, soumise. Poitrine généreuse, tenant dans les plis de sa tunique les prémices des récoltes, elle représente une allégorie de la Terre nourricière grâce à l’action de l’empereur pacificateur byzantin qui pourrait être Justinien (527-565 après J.-C). Travail virtuose des ateliers de la cour de l’empereur byzantin, ce feuillet, présenté comme faisant partie à l’origine d’un diptyque, deux volets reliés par une charnière, dont les faces lisses pouvaient être recouvertes de cire et servir d’écritoire, a été offert en 1625 au cardinal-légat Francesco Barberini par l’érudit aixois Nicolas-Claude Fabri de Pereisc avant de rejoindre le Louvre en 1899.
© RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Pierre et Maurice Chuzeville