Les œuvres de l'exposition

Henri IV (1553-1610), roi de France, en costume noir

Frans Pourbus le Jeune [Anvers (Belgique actuelle), 1553 - Paris, 1622] Musée du Louvre
1610 ( ?)
H : 0,39 m L : 0,25 m


Le peintre flamand Frans Pourbus Le jeune portraiture Henri IV (1589-1610) en pied, la tête de ¾  et regardant le spectateur. Cheveux gris, barbe et moustaches blanches, le roi âgé de 57 ans est vêtu d’un habit noir. Seules la fraise blanche et la dentelle de la chemise qui dépassent du pourpoint viennent rompre la sévérité du costume. Le roi porte le cordon de l’ordre du Saint Esprit dont il est le chef et l’épée au côté gauche, seuls signes de sa fonction. Si sa main droite  repose sur une table recouverte d’un tissu rouge et or tandis qu’à l’arrière plan un pilastre et un rideau vert relevé ferment l’espace du tableau, sa main gauche fermement posée sur sa hanche et la raideur de sa posture indiquent l’assurance d’un pouvoir affermi. Le peintre s’inspire dans ce tableau du portrait d’apparat : Charles IX (1550-1574), roi de France (musée du Louvre, INV 3253), réalisé par l’atelier de François Clouet (vers 1520-1572), peintre des Valois, pour mieux inscrire le roi dans la continuité dynastique de la monarchie française.

 Toutefois, Frans Pourbus le Jeune  impose un type de portrait historique et naturel qui tend à devenir la norme à la cour de France. Le peintre rompt avec les représentations mythologiques ou allégoriques du souverain. Même les regalia, objets du sacre des rois de France, ne sont pas nécessaires pour identifier la fonction royale. Le roi démontre son autorité et sa puissance à travers son corps seul, non pas corps physique mais assimilé au corps politique. Dans la Petite Galerie du Louvre, disparue dans un incendie en 1661, le programme iconographique déjà cantonnait les scènes mythologiques aux voutes et réservait les murs à des portraits historiques et dynastiques qui se voulaient les plus fidèles possible. Le peintre d’Henri IV, Jacob Bunel (1558-1614), avait représenté le roi, dont il nereste qu’une esquisse, Portraiten pied d’Henri IV, conservée au musée du Louvre (INV 33594), encadré par ses enfants, fermement campé sur ses jambes et réaffirmant par sa seule présence corporelle le pouvoir monarchique ébranlé par les guerres de religion (1562-1598).

© RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle