Les œuvres de l'exposition

La déesse de la Victoire (Niké) en course agenouillée

Applique décorant un objet métallique (décor d’un meuble ou d’un ustensile ?) Magnésie du Sypile (Turquie actuelle) Bronze Musée du Louvre
1er ou 2e siècle après J.-C.
H : 9,20 cm


Cette figurine en bronze apparait dans l’attitude traditionnelle de la course agenouillée, les deux jambes pliées suggérant l’envol. Messagère de la Victoire, associée le plus souvent à Athéna et Zeus, Niké est représentée avec de grandes ailes. De la main gauche, la Victoire relève un pan du manteau (himation) afin de donner plus d’aisance à son mouvement.

 

Comme le motif de la Gorgone, celui de la Niké apparait  également dans l’art grec du 6e siècle avant J.C. La célèbre Niké de Délos, attribuée au sculpteur Archermos de Chios, en est le témoignage le plus spectaculaire aux côtés de nombreuses figurines en bronze, en terre cuite…

L’art grec s’est plu à étudier les mouvements de cette figure imaginaire à travers de célèbres exemples : Niké offert par Callimachos sur l’Acropole d’Athènes après la bataille de Marathon en 490 avant J.-C. au sommet d’une colonne ionique, Niké de Paeonios de Mendé au sommet d’un pilier triangulaire à Olympie vers 420 avant J.-C., Victoire de Samothrace atterrissant sur la proue d’un navire vers 190 avant J.-C. mais aussi de  nombreuses représentations sur des reliefs votifs ou des vases illustrant la Victoire en vol, couronnant un athlète.

La figurine en bronze du Louvre reprend des conventions de l’époque archaïque. Elle porte le manteau (himation) drapé en bandoulière, ne couvrant qu’un sein et aux plis dits « en queue d’hirondelles » ainsi qu’une  tunique (chiton) décorée d’une bande centrale (paryphé) entre les jambes.

Toutefois, contrairement aux conventions archaïques, la tête n’est pas représentée de face mais de trois quart, les ailes ne sont pas déployées à plat mais semblent recourbées ; la jambe gauche repliée en arrière, le pied en appui semblent suggérer le départ de l’envol de manière plus naturelle que ne le ferait la convention archaïque de la jambe pliée à angle droit. C’est pourquoi on reconnait là une création d’un style dit  archaïsant qui s’est développé notamment pour une clientèle romaine à partir du 1er siècle avant J.-C.

Faisant référence à la sacralité d’une époque lointaine, ce style passéiste s’est notamment développé, dans les ateliers actifs à Athènes, à l’époque impériale. Il est utilisé pour décorer le mobilier en marbre (vases, candélabres…) mais aussi pour des statuettes en bronze (porteurs de lampe par exemple). Appelé par les modernes « néo-attique », ce style mélange les références d’époques diverses alors étudiées par les historiens d’art et collectionnées par des amateurs avides de manifester leur érudition.

 

 

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski