Les œuvres de l'exposition
Le palais de Darius
Si les fouilles de Suse constituent l’un des grands moments de l’archéologie française au Moyen-Orient, c’est pourtant à un Britannique, l’explorateur William Kenneth Loftus, que l’on doit la mise au jour sur le tell de l’apadana du palais royal de Darius au milieu du 19e siècle. Le site fut étudié trente ans plus tard, entre 1884 et 1886, par un célèbre couple d’archéologues français, Marcel et Jane Dieulafoy. C’est aux deux campagnes des Dieulafoy, ainsi qu’aux fouilles de leurs successeurs Jacques de Morgan et Roland de Mecquenem, que le musée du Louvre doit sa fameuse salle dédiée au palais de Darius à Suse.
Dès 1888, en vertu des règles de partage des fouilles alors en vigueur, le musée parisien put évoquer somptueusement le palais royal achéménide et ses fastueux décors de briques polychromes qui suscitent aujourd’hui encore l’enthousiasme des visiteurs.
Le règne de Darius Ier (522-486 avant J.-C.) constitue l’âge d’or de l’Empire perse achéménide, dont le souverain porta la puissance à son apogée. Darius régnait sur un territoire allant de l’Indus à la Grèce en passant par l’Égypte. Il fallut l’intervention des armées macédoniennes, deux siècles plus tard, pour qu’il soit mis fin au pouvoir achéménide. Riche d’un passé plurimillénaire, Suse était alors l’une des métropoles de l’empire de Darius, qui en fit sa capitale administrative. Sur une terrasse artificielle couvrant une dizaine d’hectares, le souverain fit élever un ensemble palatial impressionnant, célébrant la grandeur de sa dynastie. Le palais se compose de la résidence royale proprement dite, d’influence mésopotamienne, organisée autour de trois cours, et d’une grande salle d’audience de tradition iranienne connue sous le nom d’apadana.
C’est de cette vaste salle hypostyle, occupée par une forêt de trente-six colonnes monumentales, que provient l’emblématique chapiteau en calcaire gris du Louvre, avec son double protomé de taureaux. Le palais est justement célèbre pour ses décors de briques glaçurées polychromes, reconstitués peu à peu dans les salles du département des Antiquités orientales. Ces frises représentent des lions, des griffons issus du répertoire décoratif mésopotamien et surtout les fameux archers. Leur identification est incertaine mais on est tenté d’y reconnaître les « Immortels » évoqués dans les textes grecs, garde d’élite du souverain achéménide, riche de dix mille hommes. Mais cette interprétation est discutée : on peut aussi y voir une image idéale, répétée à l’infini, de l’armée perse.
À l’instar des lions et des griffons, les archers de Darius témoignent aujourd’hui encore de l’objectif essentiel de l’immense palais de Suse : la glorification de l’idéologie impériale achéménide. L’Empire perse ne dura que deux siècles, mais connut une expansion sans équivalent jusqu’à l’arrivée d’Alexandre le Grand et de l’Empire romain.