Les œuvres de l'exposition
Saint Louis roi de France, et un page
Le Greco fait le portrait du roi de France Saint Louis (Louis IX, 1226-1270) avec les attributs de la royauté : le sceptre, la main de justice et la couronne. A ses côtés, un jeune garçon, son page tient son heaume. Le roi pose un regard soutenu et mélancolique sur le spectateur. En représentant Louis IX vêtu d’une armure, le peintre rappelle la participation du roi à la 9ème croisade (1270) et son rôle dans la défense de la chrétienté. Saint Louis représenté de trois quarts, à mi-cuisses et au tout premier plan, un large drapé orangé traversant en diagonale son corps, reprend le schéma fréquent des effigies de saints du Greco. Louis IX est ici à la fois, roi, guerrier et saint.
Si Le Greco portraiture le roi de France portant les regalia, insignes de la monarchie française, sa physionomie rappelle plutôt celle de la dynastie des Habsbourg d’Espagne et d’Autriche : visage allongé et hâve, menton proéminent. Toutefois, Saint-Louis, petit- fils d’Alphonse VIII de Castille (1155-1214), le vainqueur des Maures à Las Navas de Tolosa en 1212, était bien connu en Espagne. Il faisait l’objet d’une dévotion à Tolède, ville dans laquelle s’était installé le peintre. Le Gréco reprend la tradition du portrait de l’Italie du nord. Tout comme le Charles Quint assis de Titien (1548, Munich, Alte Pinakotek), il juxtapose un décor d’architecture : une colonne, symbole de la gloire royale et un paysage dont la restauration du tableau en 1995 a révélé une vue de Tolède. C’est pourtant sous le nom de Portrait du roi Ferdinand (1217-1252) et un page que l’œuvre est entrée au musée du Louvre en 1903. Renommé pour sa conquête de Séville et pour avoir soumis l’Andalousie musulmane, il est le 1er roi d’Espagne élevé à la sainteté en 1671. L’attribution du portrait à Saint Ferdinand rappelle l’importance pour les monarques, défenseurs du catholicisme, d’avoir dans leur lignée un ancêtre canonisé par l’Eglise.